Eaux pluviales

Mis à jour le 21/10/2016

Longtemps négligé, le traitement des eaux pluviales est aujourd’hui indispensable. L’impact de ces eaux sur le milieu est loin d’être négligeable et les solutions à mettre en oeuvre peuvent être simples et peu coûteuses au regard du traitement des eaux usées.

Le cadre à respecter

1. Impact

L’impact concerne les aspects qualitatifs et quantitatifs. Il est indispensable d’intégrer ce dernier dans la mesure où sa non prise en compte peut conduire à des inondations parfois catastrophiques.

Pour ce qui concerne la qualité, les eaux pluviales sont caractérisées par les paramètres dont l’impact est variable.

 Paramètres  Teneurs moyennes  Impact
MES [ 1] 200mg/l
qualité 1B
=
5 à 25
Colmatage des fonds des cours d’eau : asphyxie des organismes et diminution de l’autoépuration

Hydrocarbure Métaux lourds (Zn, Pb, Hg,…) :

Zn
Pb

0,55 mg/l
0,27 mg/l
Toxicité et accumulation dans la chaîne alimentaire
DCO [ 2] 80 mg/l qualité 1B = 20-30 mg Molécule diverse non organique souvent toxique pour le milieu, la flore et la faune

 
Les eaux pluviales sont ainsi caractérisées par :

 Des apports annuels peu importants,

 Des apports variables dans le temps.

En conséquence, les traitements ont des rendements variables et parfois faibles.

2. Traitement

Il est souvent réalisé par décantation. Les rendements sont variables et fonction des paramètres :

 Paramètres  Rendement  Remarque
MES 80 % Fixe les métaux
Métaux lourds
Zn
Pb
70 % Liés au MES
DBO 55 % Fonction BV
DCO 30 % Fonction BV

Compte tenu de la variabilité dans le temps des concentrations en éléments et de l’alternance entre épisode sec et épisode pluvieux, les modèles mathématiques sont toujours éloignés de la réalité.
 
L’approche des méthodes de traitement doit être pragmatique, basée sur l’expérience ; elle doit intégrer quatre facteurs :

 Economie
 Efficacité
 Facilité d’entretien
 Fiabilité

La DDT préconise principalement les techniques alternatives, à savoir :

 La tranchée drainante
 La noue
 La structure réservoir avec revêtement classique
 La structure réservoir avec revêtement poreux
 La bouche d’injection

[Pour en savoir + accès aux
Fiches techniques alternatives de traitement des eaux pluviales

Les principes à retenir

- Privilégier l’infiltration

Il s’agit de reconstituer le cycle de l’eau naturel existant avant la mise en place d’installation imperméabilisant le sol. Les conséquences sont les suivantes :

- Moins de crues car moins de ruissellement
- Moins d’érosion des cours d’eau
- Plus d’eau en été : la nappe a été rechargée par infiltration en hiver

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- Protéger les captages

Dans les cas où les captages ne sont pas protégés naturellement par une couche d’argile, l’imperméabilité de tout le réseau et des ouvrages (pas d’infiltration) doit être envisagée. Dans les autres cas où il n’y a pas de risque pour la qualité, il convient d’infiltrer.

- Normes à retenir pour les bassins

Le débit de fuite des bassins doit correspondre à la restitution naturelle d’un bassin versant non aménagé. Le chiffre n’est pas imposé puisqu’il dépend du terrain et du contexte des bassins.
La mise en place d’un débourbeur-déshuileur est à envisager si les eaux pluviales sont chargées en hydrocarbure, et en fonction de l’importance du trafic :

- Le débourbeur est installé en aval sur le débit de fuite pour traiter l’intégralité du flux dans le cas où il se rejette dans un milieu sensible par exemple un petit cours d’eau.
- Le débourbeur est installé en amont, dans le cas où la sensibilité du milieu le permet.

Ce positionnement permet de limiter la présence d’hydrocarbure dans le bassin, ce qui est plus esthétique.

En zone industrielle, un système de rétention des eaux polluées sera systématiquement mis en œuvre. Il pourra être combiné à un bassin de rétention ou un débourbeur-déshuileur.

- Mesures compensatoires et corrections

Pour optimiser l’épuration, il convient de reconstituer systématiquement une zone humide. En effet, les algues, les végétaux supérieurs et le plancton participent à la fixation des polluants et leur transformation.
Il convient aussi de paysager le site (gazon, plantation d’arbres, modelé du terrain, mise en place de bassin permanent, végétation aquatique).

3. Réglementation

Selon le projet de traitement des eaux pluviales que vous menez, celui-ci peut être soumis à autorisation ou à déclaration :

 Nature de l’ouvrage  Caractéristiques  Déclaration ou Autorisation
Déversoirs d’ouvrage dans un réseau d’égouts (2.1.2.0) Destiné à collecter un flux polluant journalier :
 Supérieur ou égal à 600 kg de DBO5 [ 3]
 Entre 12 et 600 kg de DBO5
  
A
D
 Rejet d’eaux pluviales (2.1.5.0)

Rejet dans les eaux douces superficielles ou sur le sol, ou dans le sous-sol, la surface totale du projet, augmentée de la surface correspondant à la partie du bassin naturel dont les écoulements sont interceptés par le projet :
 Supérieure ou égale à 20 ha

 Entre 1 ha et 20 ha

  
  
  
  
A
  
D

[ 1] Matières En Suspension dans l’eau :séparées par simple filtration (suivie d’un séchage du filtre) et exprimés en mg/l

[ 2] Demande Chimique en Oxygène : il s’agit de la quantité d’oxygène (généralement exprimée en mg/l de O2) consommée pour assurer par voie chimique l’oxydation des composés oxydables (essentiellement les composés organiques) présents dans l’eau

[ 3] Demande Biologique en Oxygène sous 5 jours, correspondant à la matière organique vivante